S’il est un adage populaire bien connu des humains « Le chat dort, les souris dansent », il semblerait que le choucas des tours ait très vite compris que le chasseur confiné en ces temps de Covid-19, sonne l’heure de la curée… Daniel AUTRET, Président de la Fédération de chasse du Finistère, témoigne.

UN SCÉNARIO A LA HITCHCOCK
Bon nombre d’entre nous connaissons sans le savoir le choucas des tours, une espèce d’oiseaux protégée en France par l’arrêté du 05 mars 1999 (publié au journal officiel le 07/03/1999). Entre le corbeau et la corneille noire, d’instinct grégaire, il se déplace sous forme de gigantesques escadrilles noires et denses, parfaitement synchronisées et homogènes sur la campagne bretonne. Entre agacement, colère et grogne, la vue de ces ballets orchestrés se mouvant en groupes compacts, annonce pour beaucoup des oiseaux de mauvais augure. Peu farouche, la présence humaine l’indiffère, se rendant maître des habitats en nidifiant manu militari dans les conduits des cheminées dès le mois d’avril. Confort et nidification de ce corvidé provoque irrémédiablement des risques sanitaires (intoxication par le monoxyde de carbone) et d’incendies,

comme le souligne Daniel AUTRET, président de la FDC 29 (Fédération de chasse du Finistère) : « Le choucas des tours se reproduit à la vitesse grand V. Il n’est pas touché par le confinement et on arrive en pleine période de nidification. La prolifération des choucas fait peser également des risques sur la santé humaine et la sécurité publique. A la mi-avril, le chauffage arrêté, huit jours après, les cheminées des centres bourgs de tout le département sont bouchées. Ce qui provoque des émanations de gaz et fumées de combustion. Il n’est pas une année sans qu’il y ait un feu de cheminée, qui ne soit déclaré dû à l’obstruction des conduits de cheminée par ces nids. »

L’AGRICULTURE BRETONNE VIT SA HUITIEME PLAIE D’EGYPTE
PA l’instar des sauterelles bibliques, les choucas des tours ne laissent aucune chance à l’agriculteur en pleines semailles. Aux facultés psychiques très développées, intelligents et futés, perchés en observation sur les fils électriques, ces déprédateurs s’invitent sans vergogne en bandes organisées, dans les champs en présence même de l’agriculteur lors des semis et dévastent en un temps record plusieurs hectares de cultures. Sa destruction étant interdite sauf dérogation préfectorale prévue au L.411.2 et suivants du code de l’environnement, la Fédération Départementale de Chasse du Finistère devient le bras armé de la décision préfectorale de la régulation de ces populations,

comme tient à le préciser Daniel AUTRET : « Le choucas des tours n’est pas du gibier. Il ne rentre pas dans les espèces anciennement classées nuisibles. Le choucas des tours étant une espèce protégée, ce sont les services de l’Etat, qui pilotent cela. Les chasseurs sont en soutien du monde agricole, étant les seuls détenteurs d’armes dûment mandatés par l’administration, qui peuvent intervenir pour réguler dans un quota, qui leur est bien défini. Ceci sous l’autorité de la Direction Départementales des Territoires et de la Mer et sous l’égide des lieutenants de louveterie, eux aussi sous l’autorité de l’administration, afin d’essayer de réguler un peu les populations en surnombre dans les endroits où ils causent des déprédations. Les chasseurs n’interviennent qu’en soutien du monde agricole, étant les seuls à le faire légalement en tant que service publique. »

Daniel AUTRET de préciser également : « En 2019, on avait estimé les prédations commises par les choucas des tours à pratiquement 1 million d’euros dans le monde agricole. Ce sont bien évidemment des dégâts, qui ne sont pas indemnisés, n’ayant pas d’assurance pour cela puisque c’est un oiseau protégé, donc les moyens d’action du monde agricole sur ces déprédations, sont très limitées. Dans le Finistère, l’administration s’est bien saisie du problème à la demande du monde agricole et de la Chambre d’Agriculture. Avec les autorisations de prélèvements, qui peuvent monter jusqu’à un maximum de 12 000 dans le Finistère pour une population avoisinant autour de 500 000 choucas des tours, cela n’impacterait que très peu sur la population existante. Au nombre de couples que cela peut représenter, on imagine le nombre de petits, qu’il peut y avoir tous les ans. Pour l’instant aucune autorisation n’a été accordée. »

PETITE CONTRIBUTION FÉLINE
Non concerné par le confinement actuel, loin de la douceur des coussins et des fauteuils, une boule de poils de la famille des félidés, apporte non sans désintéressement sa contribution à dame Nature, dôté de son instinct de chasseur. Une fois le portail du jardin passé, le plaisir et l’excitation de se retrouver au milieu des champs n’égale en rien la vie sédentaire, le temps d’une escapade émotionnelle, parmi ce monde sauvage. En toute liberté, notre félin est loin de craindre la concurrence par les temps qui courent !

Crédits
Texte et photos Ghislaine FÉREC
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